Wanganui, 10 jours chez Deb & Fred

Semaine du 20 au 29 avril


Ça se confirme le WOOFing ça fait du bien ! On a été accueilli lundi dernier chez ce petit couple de soixantenaires : Deb est artiste peintre et Fred paysagiste-charpentier-retraité-étudiant-géographe ! La maison tout en bois a été construite par les mimines de Fred, mais sans chauffage central et toujours aussi mal isolée. Située sur l'estuaire de la Whanganui, les petits déj' avec le soleil du matin y sont un vrai régal. (Petite précision orthographique : la ville et le comté de Wanganui n'ont pas de 'h' contrairement à la rivière. Ça serait dû à des problèmes de prononciation du maori...)


On a alterné désherbage et taille dans le jardin, avec débroussaillage et clôture dans le verger (le potager est d'ailleurs dévalisé par des paons sauvages, qui tapent sur les nerfs de Deb !). 4h par jour et avec une météo plus que clémente, c'est vraiment bonheur. Par contre, on dort dans deux petits lits (pff!), dans une chambre froide et minuscule. Le seul vrai repas est celui de 18h30 parce qu'ils se contentent d'un café et d'une tartine le midi quand on liquide quasiment tout leur pain fait maison !


Du coup, Deb a été forcée d'en faire plus que d'habitude. Nous sachant Français, elle a même pris le temps de nous montrer comment faire. Mine de rien c'est pas mal de boulot mais c'est bon ! En (très) gros, vous prenez 3 tasses de farine, une cuillère de sel et de levure par tasse (activée 20 min auparavant dans l'eau) et ½ litre d'eau chaude. Sur une plaque de marbre farinée, mixez le tout 10 min jusqu'à obtenir une boule de pâte élastique (admirez au passage les mains professionnelles de Sami !). Laissez reposer 2h. Renouvelez l'opération 2 fois (on est clair ?). Enfournez dans un four bien chaud à 200° pendant ½ heure. Voilà, c'est bon.


C'est bien parce qu'on apprend à chaque fois quelque chose. Et des fois ça se mange !


Le week-end on est parti les deux, enfin tous les trois avec Bruce, qui s'est fait faire un petit parallélisme chez le coiffeur (merci David et Flo de vous enquérir de sa santé). Après une promenade, sans plus, sponsorisée par le Rotary Club (authentique!), on a pique-niqué au bord du lac Virginia, pratiquement envahis par les canards, oies et Pukepos (ces drôles d'oiseaux bleus endémiques, ridicules et attachants tant par leurs cris 'klaxons' que par leur façon de marcher sur leurs échasses). Un bon café nous a donné refuge pendant la pluie qui a suivi et nous a permis une petite session de lecture tranquillou ! On commence à se rendre compte qu'avec la nuit et les cafés qui tombent tôt (6H pour le 1er et 5H pour les 2e), le camping sauvage avec super Bruce devient problématique : juste un lit, pas de prises et pas beaucoup de lumière... Les longues veillées d'hiver risquent d'être à l'étroit !


Dimanche matin, le soleil est de retour (Alleluia !). On se décide donc à promener Bruce le long de la Whanganui, réputée pour ses beaux paysages. Le panneau vous indique à quel point on s'est amusé sur le chemin ! Mais ça valait le coup d'œil. En plus, c'est un voyage super économique à travers le monde étant donné qu'on a traversé Athènes, Londres et Jérusalem en moins d'une demi-heure ! (juste trois hammeaux maoris rebaptisés)



De retour en 'ville', on se fait une petite page culture en visitant la galerie Sargeant, exposant des artistes contemporains. Notre séjour s'est terminé par une visite à l'atelier de souffleurs de verre de Wanganui. Très intéressante puisqu'on pouvait les observer en direct tourner et « souffler » le verre. Malheureusement, on n 'a pas eu de cours, donc vous n'en n'aurez pas non plus ! On va quand même pas tout vous expliquer à chaque fois ! ;-)



Palmerston North, premier WOOFing chez Rudy

Samedi 18 avril


Cette première semaine de WOOFing se déroule donc dans cette petite ville tranquille du Manawatu. Pas si tranquille finalement puisque la présence de 2 universités fait paraître sa population plus jeune et ses bars plus attractifs que les autres villes. C'est ici donc qu'on a repéré notre premier WOOF qui propose une initiation à la photographie ou au vitrail selon ses envies du moment.


On se retrouve donc chez un médecin Philippin, spécialisé en virologie, légèrement efféminé sur les bords et pratiquant la photographie noir et blanc, le tirage photo et le vitrail (si, si, c'est sûr !). Au final, il n'est pas franchement intéressé par le concept du WOOF supposé mettre en valeur la culture bio mais a plus envie de compagnie et de partager ses passions. Bon, on a quand même désherber son jardin, magnifique par ailleurs, avec des fougères natives, du lemonwood et différentes sortes d'hortensia. Mais on était loin de faire nos 4h quotidiennes de travail pour « payer » nos trois repas et notre lit ! Après les pommes, c'est la fête !


Aujourd'hui est le point culminant de notre semaine : après une leçon théorique sur la photographie, il nous montre enfin la technique du vitrail. Donc vous avez droit à votre tour à un cours magistral hyper-clair bien sûr, illustré de très belles photos documentaires !


La première étape consiste à couper le verre selon le motif choisi. On utilise un cutter spécial pour le verre, rempli d'huile qui permet de de marquer le verre sans à-coup. Il faut absolument commencer et finir au bord de la plaque et ne jamais repasser sur un premier trait et croyez-nous, c'est pas facile de lutter contre ses réflexes !



Pour casser le verre maintenant, il faut positionner ses deux mains avec les pouces en haut parallèles de chaque côté de cette ligne. Ensuite il suffit de faire pivoter les poignets en sens opposé et le tour est joué ! C'est assez magique...



Bon, après ça, chaque pièce est poncée pour que les arêtes soient bien lisses et que les morceaux s'emboîtent sans problème. On nettoie à l'eau savonneuse et on essuie bien (on le fait quasiment entre chaque opération).


Deuxièmement, on encadre toutes les pièces d'un film de cuivre adhésif. Le film doit parfaitement adhérer donc on a utilisé un outil à la forme très bizarre pour presser sur le verre. Les pièces sont posées sur une plaque en formant le motif, et clouées pour les maintenir en place. Un pinceau trempé dans du « flux » est passé sur toutes les parties métalliques. Puis, on soude alors l'ensemble avec de l'étain. On passe une patine foncé pour donner un aspect vieilli puis on fait briller avec une espèce de cire.



Et voilà, le travail ! On est devenu des maîtres-verriers en quelques heures... Enfin, presque ! Vous pourrez constater rapidement toutes les imperfections ! Pas facile la vie d'artiste. Et sans compter que là, on parle de traits droits, mais on a pu tester les courbes, et bah, rien que pour découper, ché pas fachile, fachile !! Mais si vous avez envie de plus, allez faire un tour sur www.leadlight.co.nz


Mont Tongariro, on a eu ta peau !

Samedi 11 avril


C'est Pâques, et ici, le vendredi et le lundi sont fériés. Après consultation de la météo, on décide de prendre notre revanche sur le Mont Tongariro. Comme nos amis canadiens habitent au Lac Taupo, à 1h30 de là, on leur propose de se voir. Et là, très bonne surprise, ils avaient décidé de faire la même rando exactement le même jour. Vraiment la cerise sur le gâteau !



Nous voilà partis avec Tom & Kat pour 7 à 8 h de marche pour la très réputée Tongariro Alpine Crossing. Le hic étant que Kat et Sami sont tombés malades juste quelques jours avant. Aïe ! Mais ils sont super forts et ne renoncent pas.



Lever donc à 5h30 le matin (dur, dur après ce mois de pommes mais on est décidément super forts). Avec nos bouteilles d'eau bien remplies, nos casse-croûtes et des bâtons de marche préparés tout spécialement pour l'occasion par Tom (en bois de rose, s'il-vous-plaît), nous commençons notre marche par le bush, ce paysage si particulier dans lequel seules quelques plantes poussent sur terrain volcanique. C'est assez étrange de se balader au milieu de ce territoire de pierres noires et de touffes éparses de végétation. On aurait vraiment cru les marais du Mordor (cf : Le Seigneur des Anneaux – d'ailleurs Pauline fait trop bien Gollum depuis qu'elle a vu le film).


Malheureusement pour nous, ce week end est le plus chargé de l'année, environ 15 000 personnes prévues... Donc pour se mettre dans une atmosphère désertique et de solitude, c'est pas vraiment ça !


La première partie est annoncée comme la plus difficile : 3h pour les 6 premiers kms et 4h pour les 13 derniers... Et bah, on confirme ! La montée jusqu'à la Mangatepopo Saddle est vraiment la plus crevante (on sait, les noms sont à coucher dehors, mais on s'amuse à vous dépayser). De là, on voulait se faire l'ascension du Mont Ngauruhoe, le célèbre Mont du Destin du Seigneur des Anneaux (1h30 pour la montée, et 30 minutes la descente) mais notre équipage trimballant des grands malades, nous avons préféré miser sur la sécurité... Mais promis, on ira jeter l'Anneau de là-haut la prochaine fois !


En cours de route, nous avons traversé le Cratère du Sud, une étendue désolée, plate, enneigée, entourée de montagnes. Par moment, entre deux nappes brouillard on apercevait, comme dans un rêve, le magnifique sommet du Mt Ngauruhoe, semblable au Mt Fuji. Puis, c'est reparti pour la suite de l'ascension jusqu'au Cratère Rouge, à 1886m (hein qu'on est balaise, quand même ?!). C'était tellement ardu, pentu et encombré de marcheurs, qu'on a eu droit à un véritable bouchon !! Arrivés au sommet, on était fin prêts pour un petit en-cas léger (en gros, notre très gros casse-croûte !). Ce qui nos a donné la chance de voir la brume s'évanouir au soleil, et d'apprécier de magnifiques vues dégagées du cratère et des 3 monts qui constituent le Tongariro National Park : le Tongariro lui-même, le Ngauruhoe (à prononcer « Nauraroï ») et le Ruapehu. Comme vous pouvez voir sur la photo, le Cratère Rouge mérite bien son nom.


Après notre heure de pause, on est redescendu sur les pentes graveleuses menant aux Lacs d'Emeraude, qui méritent bien leurs noms aussi (non, on se répète pas !). Assez magique aussi. Et la descente était excellente car on est obligé de marcher en crabe et de toute façon, chaque pas nous fait descendre de 50 cm tellement les graviers roulent sous nos pieds. Plus loin, le Lac Bleu nous a paru bien pâle comparé aux Lacs d'Emeraude.


Une longue descente à travers une vallée de garrigue, puis une forêt endémique, nous a reconduit au parking, légèrement fourbus mais fiers de nous ! Un bol de frites chaudes accompagné d'un chocolat chaud (oui, c'est vrai que c'est un mélange bizarre) nous a requinqué avant de retourner sur Taupo. On passe sur le monticule de mouchoirs que Sami et Kat ont formé pendant cette journée épique et nasale !


Le dimanche, un pique-nique avec un bouquin nous a permis à tous de nous remettre de nos émotions. On est très content d'avoir concrétisé cette balade, considérée comme la meilleure d'un jour en NZ, et surtout avec Tom et Kat.

Adieu Pommes ! Bonjour Woofing

Jeudi 9 Avril


Après 1 mois et deux semaines de labeur, nous venons enfin de terminer la cueillette des pommes. On commençait à saturer un peu. Et bah, on peut vous le dire : les pommes, c'est pas de la tarte ! (Sami est à nouveau dans sa phase « jeux de mots », c'est confirmé).


Surtout que nous avons eu droit à de belles absurdités sur la fin. Exemple : après nous avoir « tallé » à longueur de journées afin de sélectionner des pommes bien jaunes, on nous demande un jour de compléter nos bennes à tout prix, quitte à prendre n'importe quoi. Y a même des collègues cambodgiens qui en ont recommencé deux comme ça ! Et le lendemain, on nous fait recommencer ailleurs avec cette même variété en exigeant à nouveau de belles pommes jaunes ! Déjà avant, on avait légèrement l'impression d'être pris pour des « poires » en nous refourgant les rangs que les autres refusaient. Et pendant qu'on se trimballe nos lourds paniers sur des bornes, nos trois superviseurs (pour dix travailleurs à peine) papotent et se moquent de nos appels... Et dire que des collègues israëliens nous ont appris que le prix des bennes n'avait pas augmenté en 7 ans, contrairement à tous les autres boulots payés à la tâche.


Mais bon, maintenant c'est fini et on a bien fait notre beurre ! En parlant pâtisserie, Pauline s'est bien vengée en compotant et crumbeulisant sans merci.


Et mardi, on commence le « WOOFing », ce qui devrait nous permettre de passer l'hiver au chaud. Le WOOF est une association d'échanges culturels visant à promouvoir l'agriculture biologique. Concrètement, on travaille 4h à 6 h par jour pour un fermier bio qui, en échange, offre le logis et le couvert. Les B&B (Bed & Breakfast – maison d'hôte avec petit déj' inclus) et les particuliers avec jardin se sont mis eux aussi à employer des WOOFers. Et en l'occurrence, on a trouvé plusieurs adresses bien alléchantes, qui devraient nous permettre d'apprendre beaucoup de choses. Après s'être trimballé en moyenne 2,5 tonnes de pommes chacun 6 jours sur 7, ça devrait être plus reposant !

Entre le Pa et le Spa, il n'y a qu'un pas, n'est-ce-pas ?

Dimanche 5 avril


On est super drôles, non ? Bon d'accord, on y a pensé toute la journée alors on vous en fait profité.


Pour commencer, nous sommes partis en balade dans une forêt le long d'une rivière. Trois heures de marche pour une jolie cascade et les Kahikatea, ces arbres anciens de la même veine que les Kauris du Northland. Ces immenses arbres offrent une vraie niche à de nombreux insectes, plantes et oiseaux.




Et à se demander si on ne ressemblait pas à ces Kahikatea car plusieurs petites fantails (des mésanges) nous papillonnaient autour, tout ça pour poser sur la photo (bon, on en a eu besoin de 140 tellement c'est fin speed ces ptites choses !). Pendant cette promenade, on a été surpris de sentir à plusieurs reprises un vent chaud bien agréable, qui nous a prouvé que l'été n'est pas si loin derrière nous !



Ensuite, nous avons visité un Pa vieux de 500 ans, un village fortifié pré-européen. Les tribus maories étaient très guerrières et ne cessaient de combattre les unes contre les autres (un peu comme les Gaulois 'de' Sami). Lorsque Cook et ses successeurs les ont découvert, ils ont été impressionnés par leurs forts et leurs sciences guerrières. Pour protéger les habitants et leurs biens, les maoris bâtissaient leurs pa sur des collines, qu'ils rehaussaient encore de terrasses superposées imposantes. Des palissades étaient édifiées et complétées par des pou, des poteaux au sommet sculpté d'ancêtres visant à effrayer les ennemis. Des fosses étaient creusées pour conserver les kumaras (patate douce) de l'humidité et de la lumière et abritées par une toiture. Jusqu'à 6000 maoris pouvaient habiter dans ces pa. La cuisine se faisait dans des foyers creusés, en dehors des maisons, car tout ce qui était cuisiné pouvait nuire au tapu.



Et histoire de finir la journée en beauté, et pour justifier notre jeu de mot pourri, un petit tour dans le Spa de Napier pour se détendre un peu. On vous passe les températures des piscines et jacuzzi. Mais c'était bonheur de s'y replonger face à l'océan Pacifique (juste pour vous dégoûter !)